Du mouvement et de l’immobilité (2001 – 2002)
pour hautbois et neuf instruments : flûte, clarinette, percussion, piano, deux violons, alto, violoncelle et contrebasse (15′)
Percussion : vibraphone, marimba, tam-tam grave, 2 cymbales suspendues (grave, médium).
Commande pour la résidence au CNR de Rouen et en Région Haute-Normandie
Création le 30/4/02 à Rouen (Auditorium du CNR) par Antoine Lazennec (hautbois) et l’Atelier, direction Marc Sieffert
éditions Jobert
« Comme je descendais des fleuves impassibles, je ne me sentis plus guidé par les haleurs »
Pendant l’écriture de cette oeuvre concertante pour hautbois et ensemble, les vers de Rimbaud, extraits du Bateau ivre, habitent la mémoire du compositeur et traduisent l’impression de flottement, de dérive, de glissement conduite par le soliste omniprésent. Servant de guide, il traverse des paysages intemporels rappelant le désert de Thot (pour clarinette et violoncelle), sentiment renforcé par l’aspect oriental des quelques quarts de ton du hautbois (telle une ghaéta) alors que l’écriture des cordes favorise les sons tenus et le jeu en harmoniques et que la percussion installe un halo résonnant autour des cordes parfois pincées d’un piano mystérieux.
De cette torpeur apparente naîtront des instants plus articulés (guirlandes tournoyantes des cordes), accidentés, évanescents (envolées de la flûte et de la clarinette dans l’ombre du soliste), incertains aussi … car ce mouvement est peut-être feint ! Lemaître nourrit son discours de la dualité annoncée dans le titre et finalement relative ; et si notre perception nous faisait défaut ?
Nathalie Dumesnil