Eau-forte (1992)
hommage à Jean-Claude Bernède
pour 12 instruments : hautbois, clarinette, clarinette basse, cor, trompette, trombone, piano, deux violons, alto, violoncelle et contrebasse (4’30”)
Création le 3/4/92 à Évreux dans le cadre du VIème Festival de Musique Contemporaine par l’Ensemble Parcours 27/XXI, direction Paul Méfano
Éditions Jobert
CD RUS 555050.2 Ensemble Microméga, direction Nicolas Brochot
Malgré sa brièveté, cette pièce pour orchestre de chambre apparaît tel un ruban dans l’espace à l’intérieur duquel les sons se déploient dans un temps suspendu. Cette suspension confère ainsi à la partition une solennité particulière. Dans ce maillage artistique, les cuivres semblent « guider » les bois et les cordes. Leaders expressifs, ils installent de concert une respiration intérieure.
Pour le livret du premier CD consacré aux œuvres de Dominique Lemaître, Claude-Henry Joubert écrit un texte intitulé « Le passeur » dans lequel il note que « cette œuvre forte est un thrène, un long chant funèbre. Selon Dominique Lemaître, Eau-forte tire son nom des motifs ou des lettres (initiales ou noms) que l’on grave. On peut comprendre, également, que cette « eau-forte » est l’eau du passage, l’eau qu’il faut traverser pour atteindre la rive opposée, la rive de la mort. Cette eau est bien forte, la plus forte de toutes. Cette musique n’est à l’évidence pas descriptive. Il n’empêche que l’oreille perçoit dans les clapotements du piano, qui vont bientôt s’éteindre, quelque chose de liquide, quelque chose comme le murmure d’un Styx. Et sur ce frémissement, des voix se font entendre, solennelles. Elles s’organisent sur les harmoniques naturelles de Do jusqu’au moment où le piano disparaîtra. L’harmonie évoluera alors mais demeurera bien souvent consonante. Musique d’adieu, musique de passage, musique de la barque fatale, musique de nocher ».
Pierre Albert Castanet