Un instant à la fois très vague et très aigu (1993-1994)
sextuor pour flûte, clarinette, percussion, guitare, harpe et violoncelle (13′)
Percussion : vibraphone, 5 toms, tam-tam grave
le 4/6/94 à Fécamp (Scène Nationale) par l’Ensemble Microméga, direction Nicolas Brochot
Éditions Jobert
CD RUS 555050.2 Ensemble Microméga, direction Nicolas Brochot
Parmi moult questionnements, Claude-Henry Joubert évoque dans le livret du premier CD consacré à l’œuvre de Dominique Lemaître, une poésie de Verlaine :
« Dans une rue, au coeur d’une ville de rêve
Ce sera comme quand on a déjà vécu
Un instant à la fois très vague et très aigu… »
(Paul Verlaine, Kaléidoscope)
Peut-être pourrions nous dire que ces 3 vers sont notés en exergue sur la partition ?
Cet instant, est-ce cette septième majeure (Si bémol-La) ou cette autre (La bémol-Sol) qui ouvrent la pièce ? Cet instant vécu déjà, est-ce cette quarte augmentée qui m’évoque le désert de Thot ou la chute d’Icare ? Mais l’ai-je vraiment vécu ?
Cette musique est-elle réelle ou rêvée ? Le violoncelle n’est-il pas plus réel que la harpe ou la guitare ? Ces frémissements, ces jeux vibrés, glissés, de clarinette et de flûte ont-ils une réalité ? Pourtant dans ce désordre des sens, parfois, un pan de ville semble se dresser. La flûte, la clarinette et le violoncelle qui se cherchaient (Do, Do dièse, Ré) se sont-ils trouvés ? On ne serait guère étonné de rencontrer près de la harpe une femme nue comme venue d’un tableau de Delvaux. Mais cette précision des attaques simultanées n’est-elle pas une preuve de réalité ? Et pourtant ces trilles de guitare sont comme des frissons…
Quelle est cette langueur qui pénètre mon coeur ?
Claude-Henry Joubert