Zelig (2002)
pour trois percussionnistes (10′)
La pièce peut être « orchestrée » de plusieurs façons (trois fois six toms « accordés » de manière à obtenir cinq intervalles égaux ou trois fois six gongs par exemple) à condition de conserver trois groupes identiques.
Commande du Trio Yarn
Création le 16/11/02 à Colombus (Ohio) dans le cadre de la « Percussive Arts Society International Convention » par Yi-Ping Yang, Raphaël Aggery et Minh Tam Nguyen
Éditions Jobert
Comme les trois percussionnistes disposent du même pool instrumental, ce trio est fondé sur la ressemblance, le « caméléonisme » ; singuliers procédés d’écriture empruntés à la tradition (canon, imitation), aux effets naturels (écho) ou techniques électroacoustiques (delay), aux manipulations de l’informatique (copier / coller). Le titre est emprunté, en forme d’hommage, au cinéaste américain Woody Allen qui réalisa le film Zelig (narrant les aventures de Leonard Zelig, l’homme caméléon) en 1983.
Dans cet opus, il n’y a pas de note pivot (puisqu’il n’y a pas de hauteurs) mais une nuance dominante mezzo piano et un procédé d' »attraction temporelle » facilement repérable : quatre doubles croches dans un tempo de 56 à la noire (unique tempo de la pièce).
Pour le site internet dédié à Dominique Lemaître, Nathalie Dumesnil note que le trio est placé sous le signe du double, du clonage… L’espace joue également un rôle important et la disposition en trois points n’est pas sans rappeler Axis mundi (pour trompette, cor, trombone, trois percussionnistes et ensemble de cuivres). Les trois percussionnistes disposent du même instrumentarium mais, fait totalement nouveau chez ce compositeur tant attaché au timbre et dont l’écriture de chaque œuvre ne peut se concevoir qu’à travers les particularités timbriques de chaque instrument et l’association de ceux-ci, les interprètes choisissent cet instrumentarium commun et les deux versions fort différentes (et pourtant issues d’un même texte) entendues à ce jour (juillet 2003) prouvent la réussite de ce pari : l’initiale pour toms se révèle vraiment « tellurique », alors que la deuxième interprétation pour gongs apparaît étrange, « balinaise » mais aussi intimiste ».
Pierre-Albert Castanet