Hypérion (1997)

pour cor et orchestre : 2(1Picc.).2.2.2./4.2.2.0./Timb. 3Perc./Hp/Cordes (20′)
Percussion : 2 vibraphones, marimba, glockenspiel, cloches-tubes, grosse caisse, 2 cymbales suspendues (grave, médium), 3 tam-tams (grave, médium, aigu), 2 toms aigus, caisse claire.
Commande de l’Etat

A Patrice Petitdidier

Création le 1/02/02 à Gennevilliers (Église) par Vladimir Dubois, l’ensemble Ars Nova et l’Orchestre de Gennevilliers, direction Philippe Nahon.

Éditions Max Eschig/Universal Music Publishing

Livre-CD Du silence et de quelques spectres Editions Clarisse, Vladimir  Dubois, l’Ensemble Ars Nova et l’Ensemble Orchestral du Conservatoire de Gennevilliers dir. Philippe Nahon

Dominique Lemaître a composé ce concerto pour cor sur une proposition de Bernard Cavanna. Dufourtien dans son essence, le titre pourrait évoquer le satellite de Saturne ou l’œuvre du poète romantique allemand Hölderlin, mais c’est de l’un des principaux titans de la mythologie grecque dont il est question : Hypérion, fils du Ciel et de la Terre (voir Tellus), père de la Lune, du Soleil et de l’Aurore (voir Eôs). Ces parentés marqueront les différentes ambiances de l’œuvre (telluriques ou aériennes, brillantes ou nocturnes). En outre, Hypérion qui signifie «celui qui va au-dessus» se manifeste dans l’écriture du cor solo placée souvent dans le registre aigu, ce qui ajoute de la tension au discours … et des difficultés (titanesques?) pour le soliste.

Dans l’ordre concertant, on notera la présence de deux (brèves) cadences (il n’y en a pas dans les autres pièces concertantes, écrites après Hypérion). Au niveau technique, il faut savoir que l’échelle principale des hauteurs servira de modèle pour l’échelle d’Eôs (pour 11 instruments) – autre clin d’œil à la Mythologie puisque Hypérion est le père d’Eôs (l’aurore).

A propos de l’instrument de Roland, le compositeur avoue : « … le cor n’étant pas l’instrument auquel j’aurais pensé en priorité. Mais petit à petit au cours de l’écriture (9-10 mois), je me suis approprié cet instrument au « caractère », je crois plus complexe, plus intéressant « psychologiquement » que la trompette : il peut être héroïque sans être triomphant et si on le sait grand lanceur d’appels (voir ses ancêtres mais aussi les œuvres de Messiaen, Levinas…)… il est également capable d’exprimer la plainte, le doute… ».

Pour le site internet dédié à Dominique Lemaître, Nathalie Dumesnil rappelle que « de nombreuses figures mythologiques ont inspiré Dominique Lemaître et des fragments de l’arbre généalogique de ces divinités apparaissent à la lecture de son catalogue : Hypérion, est le fils du Ciel et de la Terre (évoquée dans Tellus pour orchestre) et père de la Lune (voir Lunaris pour clarinette), du Soleil (Litanie du soleil pour orchestre à cordes composée peu de temps avant Hypérion) et de l’Aurore (qui sera saluée dans l’opus suivant Eôs pour onze instruments). Ici, point d’opposition entre les protagonistes, le cor sert de meneur et s’émancipe pendant deux cadences alors que l’orchestre tour à tour riche et puissant, raffiné et complexe, subtil et unique sert de résonateur au discours du soliste, mais peut aussi se développer indépendamment ».

Pierre Albert Castanet